Levée des excommunications de 4 évêques lefebvristes

Une fois de plus, les médias français, à l'exception du journal "La Croix", ne font rien pour nous aider à comprendre ce qui se passe : caricatures outrancières de la position du Pape, amalgame entre ce décret et des propos de Mgr Williamson,...

Non, le Pape n'a pas "bénit" par ce décret les positions révisionnistes de Mgr Williamson !

Le décret concerne un événement précis (les ordinations épiscopales de 1988), et il ne concerne que cela ! Il ne change rien à la situation concrète des évêques, des prêtres et des fidèles de la Fraternité St Pie X : ils sont toujours en marge de l'Eglise catholique romaine et ils vont maintenant devoir montrer ce qu'ils entendent concrètement par "obéissance". La décision généreuse de Benoît XVI va maintenant les amener au pied du mur : si vous vous dites catholiques romains, alors vous devez obéir au Magistère de l'Eglise, ceci incluant le Pape, les évêques, et les conciles, y compris le concile Vatican II... Nous en sommes au tout début du chemin, et il appartient maintenant à Mgr Fellay, supérieur de la Fraternité St Pie X, de prendre les bonnes décisions.

C'est peut-être un peu ardu, mais dans ce message, j'essaye de vous donner les éléments nécessaires à votre réflexion :

Le communiqué de Mgr Thierry Scherrer, évêque de Laval, sur ce sujet :
(source : Site internet du diocèse de Laval)
Par un décret daté du 21 janvier 2009 émanant de la Congrégation pour les Évêques, le Pape Benoît XVI vient de rendre publique sa décision de lever l’excommunication qui pesait depuis plus de vingt ans sur les quatre évêques ordonnés illégalement par Mgr Lefebvre. Beaucoup dans la communauté catholique sont déroutés par cette mesure, et je les comprends.

Pour autant cette décision, qui est d’abord un acte de miséricorde et un geste d’ouverture en faveur des prélats excommuniés, ne règle pas comme par enchantement le différend qui oppose les chrétiens lefebvristes et le Saint-Siège depuis de longues années. Elle s’offre comme un préalable à un dialogue entre les deux parties, dialogue qui ne sera fructueux et fécond que si ces chrétiens encore séparés de Rome consentent à entrer dans un chemin de clarification concernant un certain nombre de points doctrinaux. Parmi eux, les questions de la liberté religieuse, de l’œcuménisme et de la collégialité épiscopale appellent à être explicitées de la manière la plus claire. Derrière ces questions, c’est l’héritage du Concile Vatican II en son ensemble qui est en jeu : les membres de la Fraternité Saint Pie X doivent être maintenant en mesure de nous dire clairement s’ils acceptent cet héritage ou s’ils le refusent.

Le pape tend ainsi la main aux intégristes, c’est à eux désormais de la saisir ! Nous ne sommes par conséquent qu’au début d’un chemin de réconciliation qui risque d’être long, non seulement en raison de la complexité des points de doctrine à éclaircir, mais aussi en raison des divisions importantes qui existent à l’intérieur même de la famille lefebvriste. De notre côté, nous ne pouvons pas ne pas désirer que l’unité se fasse un jour en dépit des résistances et des difficultés, en dépit même des incompréhensions et des blessures profondes qui ont pu être causées dans le passé par ces dissensions graves.

Servir et construire l’unité requiert que nous regardions l’avenir en ne considérant en premier lieu que le bien de l’Église elle-même et sa communion effective. C’est dans cet état d’esprit que j’invite tous les membres de la communauté catholique en Mayenne à accueillir la décision que notre Pape Benoît XVI vient de prendre. « Que tous soient un pour que le monde croie » (Jn 17,21).

† Thierry SCHERRER
Evêque de Laval

Le 28 janvier 2009

Le texte du décret lui-même :
(source :
Site internet des Évêques de France)

Dans une lettre adressée, le 15 décembre 2008, à son Eminence le cardinal Dario Castrillon Hoyos, président de la commission pontificale Ecclesia Dei, Monseigneur Bernard Fellay, au nom des trois autres évêques consacrés le 30 juin 1988, sollicitait de nouveau la levée de l’excommunication latae sententiae déclarée officiellement par le Décret du Préfet de la Congrégation pour les évêques publié le 1er juillet 1988.
Dans cette lettre, monseigneur Fellay affirme, entre autre : « Nous sommes toujours fermement déterminés dans notre volonté de rester catholiques et de mettre toutes nos forces au service de l’Eglise de Notre Seigneur Jésus Christ, qui est l’Eglise catholique romaine. Nous acceptons son enseignement dans un esprit filial. Nous croyons fermement à la Primauté de Pierre et à ses prérogatives, et c’est pour cela même que nous souffrons tant de l’actuelle situation. »

Sa Sainteté Benoît XVI – sensible comme le serait un père au malaise spirituel manifesté par les intéressés à cause de la sanction d’excommunication, et confiant en leur volonté, exprimée dans la lettre citée auparavant, de ne ménager aucun effort pour approfondir, via des colloques nécessaires avec les autorités du Saint Siège, les questions qui restent en suspens afin de pouvoir parvenir rapidement une pleine et satisfaisante solution au problème qui s’est posé à l’origine – a décidé de reconsidérer la situation canonique des évêques, Bernard Fellay, Bernard Tissier de Mallerais, Richard Williamson et Alfonso de Galarreta qui avait suivi leur consécration épiscopale.

Avec cet acte on désire consolider les relations réciproques de confiance, intensifier et stabiliser les rapports de la Fraternité Saint Pie X avec le Siège Apostolique. Ce don de paix, au terme des célébrations de Noël, veut être aussi une preuve pour promouvoir l’unité dans la charité de l’Eglise universelle et arriver à supprimer le scandale de la division.

On espère que ce pas sera suivi de réalisation rapide de la pleine communion avec l’Eglise de toute la Fraternité de Saint Pie X, témoignant ainsi de la vraie fidélité et de la vraie reconnaissance du Magistère et de l’Autorité du Pape avec la preuve de l’unité visible.

En vertu des facultés accordées par le Saint Père Benoît XVI, en vertu du présent décret, je remets aux évêques Bernard Fellay, Bernard Tissier de Mallerais, Richard Williamson et Alfonso de Galarreta la levée de l’excommunication latae sententiae décrétée par cette Congrégation le 1er juillet 1988, et je déclare privé d’effet juridique, à partir de ce jour, le Décret émis à l’époque.

Rome, de la Congrégation pour les évêques, 21 janvier 2009
Cardinal Giovanni Battista Re
Préfet de la Congrégation pour les évêques

Deux communiqués de Mgr Fellay, supérieur général de la Fraternité St Pie X :
La réponse à la levée des excommunications

(source : site d'information de la Fraternité St Pie X)

L’excommunication des évêques sacrés par S. Exc. Mgr Marcel Lefebvre le 30 juin 1988, qui avait été déclarée par la Congrégation pour les évêques par un décret du 1er juillet 1988 et que nous avons toujours contestée, a été retirée par un autre décret de la même Congrégation en date du 21 janvier 2009, sur mandat du pape Benoît XVI.

Nous exprimons notre gratitude filiale au Saint Père pour cet acte qui, au delà de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X, sera un bienfait pour toute l’Eglise. Notre Fraternité souhaite pouvoir aider toujours plus le pape à porter remède à la crise sans précédent qui secoue actuellement le monde catholique, et que le pape Jean-Paul II avait désignée comme un état d’« apostasie silencieuse ».

Outre notre reconnaissance envers le Saint Père, et envers tous ceux qui l’ont aidé à poser cet acte courageux, nous sommes heureux que le décret du 21 janvier envisage comme “nécessaires” des entretiens avec le Saint-Siège, entretiens qui permettront à la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X d’exposer les raisons doctrinales de fond qu’elle estime être à l’origine des difficultés actuelles de l’Eglise.

Dans ce nouveau climat, nous avons la ferme espérance d’arriver bientôt à la reconnaissance des droits de la Tradition catholique.

Menzingen, le 24 janvier 2009

+ Bernard Fellay
Demande de pardon pour les propos de Mgr Williamson
(Source : salle de presse du Saint-Siège, via le site de "La Croix")

Communiqué de Mgr Bernard Fellay, supérieur de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X sur les déclarations de Mgr Williamson
Menzingen, le 27 janvier 2009

Nous avons eu connaissance d’une interview accordée par Mgr Richard Williamson, membre de notre Fraternité Saint-Pie-X, à la télévision suédoise. Dans cette interview, celui-ci s’exprime sur des questions historiques, en particulier sur la question du génocide juif par les national-socialistes.

Il est évident qu’un évêque catholique ne peut parler avec une autorité ecclésiastique que sur des questions concernant la foi et la morale. Notre Fraternité ne revendique aucune autorité sur les autres questions. Sa mission est la propagation et la restauration de la doctrine catholique authentique, exposée dans les dogmes de la foi. C’est pour ce motif que nous sommes connus, acceptés et estimés dans le monde entier.

C’est avec une grande peine que nous constatons combien la transgression de ce mandat peut porter tort à notre mission. Les affirmations de Mgr Williamson ne reflètent en aucun cas la position de notre société. C’est pourquoi je lui ai interdit, jusqu’à nouvel ordre, toute prise de position publique sur des questions politiques ou historiques.

Nous demandons pardon au Souverain Pontife, et à tous les hommes de bonne volonté, pour les conséquences dramatiques d’un tel acte. Bien que nous reconnaissons l’inopportunité de ces propos, nous ne pouvons que constater avec tristesse qu’il atteignent directement notre Fraternité dans le but de discréditer sa mission.

Cela nous ne pouvons l’admettre et nous déclarons que nous continuerons de prêcher la doctrine catholique et de dispenser les sacrements de la grâce de Notre-Seigneur Jésus-Christ.

+ Bernard Fellay
Supérieur Général
Un communiqué du Saint-Siège sur la question de la Shoah :
CITE DU VATICAN, 28 jan 2009 (AFP) - Le pape solidaire des juifs, condamne la négation de la Shoah
Le pape Benoît XVI a exprimé mercredi sa "solidarité" avec les juifs et a condamné la négation de la Shoah, après les déclarations d'un évêque intégriste niant l'existence des chambres à gaz.

Benoît XVI a aussi demandé aux quatre évêques intégristes dont il a annulé l'excommunication de reconnaître "l'autorité du pape et le concile Vatican II", qui avait rompu avec une tradition chrétienne attribuant aux juifs la mort du Christ.

Alors que les déclarations de l'un de ces évêques, Mgr Richard Williamson, niant l'existence des chambres à gaz et ramenant la Shoah à "200 à 300.000 morts" a provoqué une vive émotion dans le monde, Benoît XVI a exprimé sa "pleine et indiscutable solidarité" avec les juifs.

"La Shoah doit être pour tous un avertissement contre l'oubli, la négation et le réductionnisme", a-t-il ajouté dans une déclaration en conclusion de son audience générale hebdomadaire.


Le dossier du journal "La Croix" sur cette question : Lien

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