La paroisse est morte ! - Texte de Jean Vernette

Monsieur le Curé vient de s'approcher du micro, l'air sombre : "Mes frères, je dois vous annoncer une nouvelle bien triste : notre paroisse est morte. Vous vous êtes souvent plaints de ce qu'elle ne soit pas très vivante. Eh bien, maintenant, elle est décédée. Je vous invite tout de même à faire une dernière visite à la chère défunte à l'issue de l'office..." Brouhaha dans les chaises...
Une fois le dernier cantique chanté, les paroissiens se rangent respectueusement à la file pour l'ultime hommage à la défunte qui repose dans son cercueil au bas de la nef. Pour découvrir aussi ce visage dont les traits n'ont pas tellement marqué la plupart des paroissiens : "Dites, chuchote-ton, comment était-elle faite...?"
Mais voici que chacun de ceux qui se penchent à leur tour sur la bière pour contempler le visage de la chère disparue, a un brusque haut-le-corps et se retire bouleversé !
Qu'y a-t-il de si étrange ?
Lorsqu'arrive mon tour, je me penche sur le cercueil, et, ô surprise, un visage me saute aux yeux : le mien, un visage aux yeux écarquillés. Le fond de la bière était un miroir !
La paroisse ? C'est moi, et personne d'autre.
La paroisse ? C'est moi ! Et personne d'autre...

Jean Vernette, Paraboles pour aujourd'hui, Droguet & Ardant, p. 100.

En ce début d'année, une façon un peu iconoclaste de remercier toutes les personnes qui font que nos paroisses ne sont pas mortes, mais qu'elles sont bien vivantes... et d'inviter celles et ceux pour qui "la paroisse c'est les autres", à rejoindre les rangs pour faire vivre leur paroisse !
A bientôt.

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