Les prêtres et la crise de l'espérance dans l'Église

Je publie ici un article déjà ancien, paru dans la Documentation Catholique en 2004 (n°2322). Il s'agit d'un discours du P. Timothy Radcliffe, prononcé à Atlanta (États-Unis). C'est sans doute un peu long, mais ce texte m'a beaucoup éclairé et me semble encore vraiment d'actualité sur l'Église, le monde, la vie de prêtre aujourd'hui...
Pour ceux qui voudraient l'imprimer, vous pourrez trouver en cliquant ICI une version PDF mise en page par mes soins. Bonne lecture !

Les prêtres et la crise de l'espérance dans l'Église
par le P. Timothy RADLIFFE, o.p., in DC 2004, n°2322, pp.888-895

Du 11 au 14 avril dernier a eu lieu à Atlanta, dans l’État de Géorgie (États-Unis), la convention de la Fédération nationale des Conseils presbytéraux (NFPC). Le P. Timothy Radcliffe, o.p., ancien Maître de l’Ordre des Prêcheurs, a donné une conférence (“Priests and the Crisis of Hope Within the Church”) où il traite de la crise de confiance qui secoue l’Église et du désarroi d’un certains nombre de prêtres.

1. “Comment être porteur de bonnes nouvelles” ? Voilà le thème sur lequel on m’a demandé de m’exprimer. Cela suppose que nous soyons nous-mêmes touchés par une certaine joie. Si vous êtes sombre et triste, qui va croire que l’Évangile est une bonne nouvelle ? Nietzsche disait que les disciples de Jésus devraient avoir l’air un peu plus « rachetés ».

2. Nombreuses sont les raisons qui expli-quent que nous puissions être démoralisés. L’Église traverse une crise de désespoir. Aux États-Unis plus qu’ailleurs peut-être, les catholiques apparaissent profondément divisés. La plupart des diocèses et des ordres religieux souffrent d’un manque de voca-tions. De nombreux prêtres sont partis, sans parler des terribles scandales de pédophilie et de la façon dont ceux-ci ont été traités. Que vous soyez démoralisés est donc tout à fait compréhensible. Le fait qu’un chauffeur de taxi ou qu’un avocat soit démoralisé n’est pas contradictoire avec le métier qu’il exerce. Un comptable ou un coiffeur peut être régulièrement déprimé sans que cela influe sur la qualité de son travail. Par contre, un prêtre qui n’a jamais le moral est atteint dans sa capacité à remplir sa mission.

3. Je ne sais pas si vous êtes démoralisés ou pas. L’expérience que j’ai des prêtres aux États-Unis me laisse penser qu’il y a toujours et malgré tout de la joie dans l’Évangile. Comme en Irlande peut-être. La dernière fois que je me suis rendu dans ce pays, j’ai été frappé par le nombre de prêtres me disant que tout le clergé était démoralisé sauf eux ! Qu’eux, ils allaient bien. Ce-pendant, même si vous conservez votre joie dans le Seigneur, il n’est pas inutile de se pencher sur les différents défis que nous devons relever et d’étudier ensemble la fa-çon d’y faire face dans la joie. La première chose à faire est peut-être de se réjouir de cette crise qui touche l’Église car elle nous permet de partager la crise de désespoir que traverse notre société. Nous souffrons en communion avec nos frères les hommes. Oliver Bennet, de l’université Warwick en Angleterre, est l’auteur d’un livre intitulé “Cultural Pessimism : Narratives of Decline in the Postmodern World” (1). Toute société a toujours pensé qu’avant “c’était le bon temps”. L’auteur indique cependant que la société occidentale est aujourd’hui convaincue d’être sur le déclin, et qu’elle en souffre. La violence se développe dans nos villes, les systèmes de santé implosent, le sida gagne du terrain, le continent africain est à la dérive, le terrorisme est en pleine expansion et la guerre fait rage en Irak. Tout part à vau-l’eau.

4. Le désespoir, au sens chrétien du terme, ne signifie pas que tout le monde se sente malheureux, même si le nombre de suicides se multiplie partout dans le monde, des États-Unis au Japon. Si le monde est désespéré c’est qu’il ne croit plus à l’avenir de l’humanité. Abraham est le symbole de notre espérance. Nous ignorons totalement s’il a gagné la Terre Promise dans la joie. S’il est comme moi, il était sans doute en train de se demander ce qu’il avait bien pu oublier de mettre dans ses valises !

5. Pendant la majeure partie de ma vie, l’espérance chrétienne s’est appuyée sur son enfant séculier, la croyance dans le progrès. Chaque année avait son lot d’inventions. Après avoir grossi tant et plus, les ordinateurs ont pris de moins en moins de place. Des pays ont été libérés de l’Empire britannique. On a même commencé à mieux manger dans les restaurants anglais, c’est dire ! On a pu déguster des escargots et des cuisses de grenouille et quand mon père tournait le dos, ma mère mettait de l’ail dans la cuisine. Le Royaume de Dieu devait être proche ! Mais depuis la fin de la Guerre froide, la confiance dans le progrès s’est évaporée. Fukuyama nous a même assuré que c’était la fin de l’histoire.

6. Notre culture a deux longues histoires à raconter. La première est celle de l’univers. Les enfants grandissent en sachant qu’il y a eu le Big Bang et qu’il y aura le Big Chill (Grand Refroidissement), lorsque la terre et l’univers refroidiront avant de mourir. Mais cette histoire ne nous dit pas grand chose. Nous sommes insignifiants. Nous n’étions pas encore nés lors de la disparition du dernier dinosaure et nous disparaîtrons bien avant certains insectes. Notre passage sur la terre ne changera rien à cette histoire qui ne nous offre aucun espoir. La seconde histoire avec laquelle nous apprenons actuellement à vivre est cette soi-disant “guerre contre le terrorisme”. Mais de quel genre d’histoire s’agit-il ? De quelle victoire pourrons-nous parler ? Toujours plus de violence, voilà ce qu’elle nous promet. N’est-ce pas là une histoire désespérante ?

7. Il existe un véritable désir de paradis mais aussi une véritable méfiance à l’égard de ceux qui déclarent connaître le chemin qui y mène. Ce sont d’ailleurs ces derniers qui ont crucifié le XXe siècle. Des dizaines de millions de personnes ont été assassinées au nom du paradis soviétique. Six millions de juifs ont été exterminés au nom du para-dis aryen. En mai dernier, je me suis rendu au musée du génocide de Tuol Sleng, à Phnom Penh, un camp parmi des dizaines ayant existé au Cambodge. Quiconque se mettait en travers du chemin menant au paradis de Pol Pot était massacré. L’évêque de Phnom Penh m’a dit que tous ceux qui avaient les mains douces, parlaient une autre langue que le khmer ou portaient des lunettes étaient arrêtés. Les gardiens de prison n’ont même pas eu le temps de détruire les archives avant de s’enfuir. Le centre regorge donc de centaines de milliers de photos de prisonniers, en grande majorité des jeunes. Certains ont le regard vide alors que d’autres – apparemment très jeunes – ont l’air gai, espérant survivre grâce à leur sourire. Un seul d’entre eux a survécu. Le rêve capitaliste lui-même tue et mutile. Il est donc logique que le monde aspire à l’espérance, à un coin de paradis, mais se méfie de ceux qui disent savoir comment l’atteindre.

8. Nous, chrétiens, n’avons pas de boussole pour diriger l’humanité. Nous ne pouvons pas ouvrir le Livre des Révélations et dire : “Cinq fléaux en moins. Plus que deux et c’est fini”. Pas plus que les autres, nous ne savons ce qui attend l’humanité au cours des siècles à venir. La confiance dans le progrès disparaissant, il nous faut regagner un espoir chrétien véritable. Si nous y parvenons, alors l’humanité découvrira que nous, hommes d’Église, pouvons offrir ce qu’elle recherche.

9. Regardez la Cène. Il s’agit de notre histoire fondatrice, l’histoire de la Nouvelle Alliance de Dieu avec nous tous. Le paradoxe, c’est que la Cène a lieu à un moment où les disciples perdent le fil de l’histoire. Il est clair qu’ils étaient venus à Jérusalem remplis d’espérance. Peut-être croyaient-ils que le Messie allait prendre la tête d’une rébellion contre les Romains. Comme les disciples sur la route d’Emmaüs l’ont avoué à Jésus : “Et nous qui espérions qu’il serait le libérateur d’Israël !” (Lc 24, 21). Mais tout s’effondre lors de la Cène. Judas a vendu le Christ, Pierre est sur le point de le trahir et le reste des disciples s’apprête à fuir.

10. Voilà donc un étrange paradoxe. Notre histoire a lieu alors même que l’histoire prend fin. Notre communauté est née au moment où elle se désagrégeait. Notre sacrement d’espérance nous raconte l’histoire de la perte de tout espoir. Le paradoxe va d’ailleurs plus loin encore puisque les mots qui nous permettent de raconter cette histoire, les Évangiles, nous viennent de la deuxième grande crise. Alors que l’Église s’étend à travers tout l’Empire et que les chrétiens sont emprisonnés et persécutés, ils trouvent très vite une autre histoire pour les aider à vivre. “Tout va bien les amis. Jésus doit bientôt revenir”. Mais Pierre et Paul meurent, les chrétiens romains se trahissent les uns les autres et tout s’effondre. Pas le moindre signe d’un second avènement du Christ ! Mais la Parole s’est fait chair par les Évangiles. Nous n’aurions jamais entendu parler ni de Marc, ni de Luc, ni de Matthieu ni de Jean si les Évangiles n’avaient pas été distillés par cette crise.

11. À chaque fois que nous nous réunissons autour de l’Eucharistie, nous nous souvenons que notre espérance est fondée sur la perte de cette longue histoire. Le récit de la Cène est également issu d’une seconde crise qui a vu la disparition d’une autre histoire. En tant que chrétiens, nous ne devons donc pas craindre la crise que notre communauté traverse actuellement. Les crises c’est la “spécialité de la maison” (2). L’Église est issue de l’une d’elles. Elles la renouvellent et la rajeunissent. Comment cette crise-ci va-t-elle rajeunir notre Église bien aimée ?

12. J’ai décidé d’aborder aujourd’hui les défis auxquels nous, prêtres, devons faire face dans notre identification à l’Église universelle. Je m’attarderai sur trois défis particulièrement difficiles à relever. Le premier concerne la distance existant entre l’enseignement de l’Église et l’expérience de la plupart des chrétiens avec qui nous vivons. Le deuxième aborde la division au sein de l’Église. Enfin, nous verrons comment vivre cette période où l’Église est tant affligée par les scandales qui touchent notre communauté.

Le dilemme 
13. Si de nombreux prêtres sont démoralisés, en Grande-Bretagne tout du moins, c’est qu’ils ne savent s’ils doivent s’identifier à leur communauté locale ou à l’Église universelle. La plupart des prêtres s’identifient fortement à la première. Le sens de notre vocation nous vient de la vie que nous partageons avec le Peuple de Dieu. Nous partageons ses luttes et ses victoires, l’accompagnons dans ses échecs et nous nous nourrissons de sa foi. Mais le prêtre représente également l’Église universelle. Nos prêches ne doivent pas servir à vendre notre marchandise ou propager nos idées personnelles. Nous sommes appelés à proclamer l’Évangile et l’enseignement de l’Église. Nous constatons cependant qu’il existe parfois un véritable fossé entre ce que nous sommes censés enseigner, notamment en terme de morale, et l’expérience vécue par le Peuple de Dieu pour qui nos paroles peuvent sembler incompréhensibles et irréa-listes. Nos fidèles ont d’ailleurs parfois l’air perplexe.

14. C’est peut-être plus le cas en Grande-Bretagne qu’aux États-Unis. Vous vivez en effet encore dans un pays extrêmement croyant, au moins en terme de pratique alors que l’Angleterre est l’un des plus sécularisé au monde. Mais mon expérience m’a prouvé que même les catholiques croyants pratiquants ont du mal à comprendre l’enseignement moral de l’Église, notamment en matière de sexualité. Aujourd’hui, une majorité d’hommes et de femmes ne vivent pas leur sexualité au sein du mariage dans un but reproductif. La plupart des jeunes que je connais sont soit en concubinage et utilisent des moyens de contraception, soit divorcés et remariés, soit homosexuels.

15. Comment vivre notre condition de prêtre avec le Peuple de Dieu, comment construire une communauté quand on nous considère comme les représentants d’une vision morale que les gens ont du mal à appliquer, voire rejettent ? Je ne me pen-cherai pas pour l’instant sur la vérité de cet enseignement mais plutôt sur l’incompréhension ou apparente impossibilité pour certains d’appliquer le discours de l’Église. Nous avons beau apprécier l’enseignement moral de l’Église et y croire fermement, rien ne nous empêche d’être démoralisés par l’abîme existant entre le message que nous devons proclamer et la vie que mènent les personnes avec qui et pour qui nous vivons. Soyons francs : à leur place, nous serions aussi perplexes qu’eux.

16. Notre communauté se réunit autour de l’Eucharistie, le sacrement d’unité, alors que bon nombre de personnes se sentent exclues parce qu’elles vivent en “situation irrégulière” comme on dit. Mais ce sont eux qui, statistiquement, vivent de façon tout à fait régulière ! Il existe évidemment la “solution pastorale”, celle que bon nombre de personnes adoptent pour rentrer dans le rang sans vraiment y croire. Mais agir de la sorte est décevant et revient à refuser de faire face au sujet qui nous intéresse au-jourd’hui.

17. Le fossé entre enseignement de l’Église et expérience quotidienne du Peuple de Dieu n’a cessé de se creuser depuis le XVIIe siècle. Au Moyen-Âge, la théologie de la morale était considérée comme une sagesse réaliste, inséparable de la vie quotidienne. Mais suite à la Réforme et aux amères querelles de religion de la Guerre de Trente ans, un besoin de clarté s’est fait sentir de toute part. Après toutes ces guerres de religion, les gens ont eu envie qu’on leur enseigne quelque chose de sûr, fondé sur des principes abstraits ne laissant aucune place au doute. Depuis, le fossé n’a cessé de se creuser, et aujourd’hui notre magnifique enseignement moral est bien souvent à cent lieues de la réalité vécue par nos commu-nautés.

18. Comment pouvons-nous vivre dans cet espace entre la vision morale de l’Église et la vie quotidienne de nos fidèles sans nous démoraliser ? Comment même pouvons-nous vivre cette situation dans la joie ? Le Père Tony Philpot, prêtre diocésain réputé en Grande-Bretagne, se souvient d’avoir assisté à Cambridge, il y a de cela quelques années, à une conférence du car-dinal Ratzinger. Il s’agissait d’un excellent exposé sur les principes moraux généraux. Mais une fois dans sa paroisse, face aux fidèles luttant pour survivre dans leurs cités, le père Philpot s’est rendu compte que le discours du cardinal n’avait aucun sens. Pour Tony, les prêtres sont appelés à vivre entre le général et le particulier, cet espace de médiation entre le discours abstrait et la vie concrète. “Il est inconfortable d’occuper l’espace entre le général et le particulier. C’est un vrai dilemme. Il est inconfortable d’appartenir au monde de l’orthodoxie et de passer autant de temps et de dépenser autant d’énergie avec ceux qui n’en font pas partie. Je voudrais dire à tous les jeunes qui se préparent à devenir prêtres diocésains qu’ils sont voués à vivre leur vocation dans un douloureux dilemme, à avoir un cœur partagé. S’ils font l’expérience de cette douleur, ils seront de bons prêtres.”

19. Voilà un bon début : reconnaître que nous appartenons à cet espace de médiation. Ce dilemme est notre pain quotidien. Je me permettrais de proposer une seconde étape. La Parole faite chair est au cœur de notre foi. La Parole ne peut jamais être abstraite, générale et lointaine. La Parole de l’Évangile renaît sans cesse, que ce soit en Grande-Bretagne, au Brésil ou à Rome. En tant que prêtres, nous ne pouvons offrir une parole abstraite. Nous cherchons à faire renaître la parole de l’Évangile dans la communauté où nous vivons, dans son propre langage, avec ses propres structures sociales, ses victoires et ses défaites, ses richesses et sa pauvreté. Le prêtre est alors une véritable sage-femme. Il écoute l’Évangile et les enseignements de l’Église et le fait depuis la culture de sa communauté et avec elle. Il veut voir comment la Parole du Seigneur peut naître dans sa communauté, ici et maintenant, tel un nouveau-né, avec la nouveauté éternelle de Dieu.

20. Cet abîme entre l’enseignement de l’Église et la vie quotidienne de nos fidèles est en effet douloureux. Et c’est là que nous sommes appelés, le cœur partagé. Mais nous restons auprès de nos communautés afin qu’une parole nouvelle voie le jour, afin que le drame de l’incarnation se produise à nouveau en nous et à travers nous. Pour cela, nous devons absolument nous identifier à ceux qui se sentent exclus de l’Église à cause de leur “situation irré-gulière”. Mettons-nous dans leur peau, écoutons avec leurs oreilles, voyons avec leurs yeux, sentons ce qu’ils ressentent. Soyons eux en quelque sorte. Nous découvrirons ainsi avec eux comment prêcher la Parole de Dieu et l’enseignement de l’Église.

21. Pour saint Thomas d’Aquin, il existait un lien extrêmement fort entre l’enseignement et l’amitié. Seul Dieu peut enseigner au sens strict du terme. C’est la grâce de Dieu dans nos cœurs qui enseigne. Saint Thomas d’Aquin appréciait parti-culièrement le texte expliquant qu’il n’existe qu’un seul maître, dans les cieux. Il aimait aussi le texte disant qu’il n’existe qu’un seul maître, et pas celui qui vit à Rome ! Il y faisait sans cesse référence. Mais pour Thomas, les amis étaient également capables d’enseigner puisqu’ils sont pour moi un autre moi. Les amis nous enseignent de l’intérieur, pour ainsi dire.

22. Cet abîme entre l’abstrait et le particulier est douloureux, mais ce peut être la douleur de l’enfantement. Et nous savons tous que la joie succède à la douleur. “La femme qui enfante est dans la peine parce que son heure est arrivée. Mais, l’enfant est né, elle ne se souvient plus de son angoisse, dans la joie qu’elle éprouve du fait qu’un être humain est né” (Jn 16, 21). Nous som-mes les sages-femmes de cette naissance de la Parole dans les mondes où nous vivons.

23. Si nous voulons survivre malgré ce dilemme, nous avons alors besoin les uns des autres, nous avons besoin du soutien de nos frères prêtres. Nous appartenons à l’Église universelle et nous en sommes les représentants. Nous appartenons à la communauté locale et nous partageons également sa vie. Cette double attraction peut nous réduire en miettes si nous n’y prenons garde. Dire “oui” à l’ordre ecclé-siastique, c’est devenir les porte-parole de l’institution ; dire “non”, c’est se rebeller de façon permanente contre le Magistère. Faire un choix unique nous détruirait en tant que médiateurs et sages-femmes. Pour pouvoir supporter ces tensions, nous, les prêtres, avons besoin d’être soutenus par une forte solidarité. On pourrait s’imaginer que le NFPC est le syndicat des sages-femmes ecclésiastiques. Cela reviendrait à se libérer de l’individualisme tenace qui caractérise très souvent les prêtres. “Je suis le curé de cette paroisse ; c’est moi qui la dirige et je veux que personne d’autre s’en mêle, ni les prêtres aux alentours, ni l’évêque, ni Rome”. Notre fraternité envers nos frères prêtres est profondément ancrée dans ce que nous sommes et elle nous soutient dans cette double appartenance à la congrégation locale et à l’Église universelle. Comme le dit si bien le Pape Jean-Paul II dans son Exhortation apostolique Pastores dabo vobis : “Le ministère ordonné est radicalement de ‘nature communautaire’ et ne peut être rempli que comme ‘œuvre collective’” (n. 17) (3). Avant, lorsqu’un enfant s’apprêtait à naître, les femmes du village se retrouvaient autour du lit de la future mère afin d’aider à l’accouchement. Nous aussi nous avons besoin de nous soutenir les uns les autres pour incarner la Parole de Dieu ici et maintenant.

24. Cela implique également que nous traitions notre évêque comme un frère. Dans le décret Presbyterorum ordinis, on peut lire que l’évêque doit considérer les prêtres de son diocèse comme des frères et des amis. Mais certains prêtres n’y tiennent pas car cela implique une trop grande proximité avec lui. Certains veulent être l’évêque, d’autres veulent l’éviter. D’autres enfin ver-ront en lui un père dont le rôle est de résoudre leurs problèmes et de les décharger de leur responsabilité en cas de pépin. Pour Tony Philpot : “Si le Concile déclare que l’évêque doit considérer ses prêtres comme des frères et des amis, alors les prêtres doivent eux aussi faire de même avec leur évêque. Avoir des frères et des amis, c’est déjà tenir compte de leurs limites personnel-les, d’accepter que des erreurs soient permises et que la réconciliation soit toujours possible. C’est une relation à double sens”.

La division 
25. La deuxième cause de démoralisation réelle chez les prêtres provient certainement de la division profonde de l’Église. Et j’ai l’impression que les Amériques, du Nord et du Sud, doivent particulièrement relever ce défi, peut-être plus qu’ailleurs au monde. Quelles conséquences la traversée de l’Atlantique a-t-elle eu ? Peut-être est-il temps de revenir au “Royaume uni” ?

26. Nous, les prêtres, sommes appelés à être le foyer de l’unité. Mais comment y parvenir si l’Église est elle-même divisée par une défiance profonde et réciproque ? Nous souffrons de la politique politicienne que Paul détestait tant dans l’Église corinthienne : “Je suis du côté de Pierre” ; “Je suis pour Paul” ; “Je suis du côté du cardinal Ratzinger” ; “Je suis du côté de Hans Küng” ; “Je suis pour la théologie de la libération” ; “Je suis pour von Balthazar”. Cette division est souvent plus qu’un simple désaccord intellectuel. C’est une détestable lutte de pouvoir. Comment pouvons-nous prêcher la Parole quand chacune de nos phrases peut être disséquée, lorsque les évêques eux-mêmes vivent dans la terreur que le moindre écart remonte aux oreilles de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi ? Les Pharisiens examinaient minutieusement les mots de Jésus pour mieux le prendre au piège. Ne vivons-nous pas parfois la même situation aujourd’hui au sein de notre Église ?

27. Notre institution a, bien sûr, toujours connu de telles divisions, et ce depuis le désaccord entre Pierre et Paul à Antioche. L’histoire de l’Église est semée de luttes entre empereurs et papes, papes et anti-papes, sans parler des gallicans et des ultramontains, des modernistes et des tradi-tionalistes, voire des Jésuites et des Dominicains ! Cela n’en est pas moins décourageant. Que nous nous disputions aujourd’hui n’a rien d’exceptionnel. Ce qu’il y a de nouveau, à mon avis, c’est que nous soyons incapables de discuter avec la partie opposée. Nous préférons parler les uns des autres plutôt que les uns avec les autres.

28. La Cène nous rappelle également comment vivre ce moment. Elle nous rappelle non seulement la perte d’espérance mais aussi la désintégration de la communauté. Le moment est aux accusations réciproques. “Dussé-je mourir avec toi, non, je ne te renierai pas”. Et pourtant, Jésus est vendu, trahi et renié. La plupart des disciples s’apprêtent à quitter précipitamment les lieux, habités par la peur.

29. Notre espoir réside dans le fait que Jésus ne s’est pas entouré d’une bande de super copains de même sensibilité. Cette communauté n’a pas été fondée sur une vision partagée. Ils n’ont d’ailleurs partagé les mêmes idées que pendant un bref instant. Une communauté de personnes de même sensibilité ne serait pas un sacrement du Royaume mais seulement un sacrement d’elle-même. Nous sommes signe du Royaume précisément parce que notre unité n’est pas mentale mais sacramentelle. C’est le fait d’embrasser l’étranger, voire l’ennemi, qui fait de nous un signe.

30. C’est en Afrique que j’ai quelque peu saisi le sens de tout cela. Je me souviens avoir passé quelques jours sur les routes du Burundi, accompagné de deux frères. L’un s’appelait Emmanuel, il était mon assistant pendant mon séjour africain et d’origine Hutu. L’autre, le supérieur local, s’appelait Liboire et était Tutsi. C’était au moment où les deux ethnies se massacraient. Le pays était quasiment désert. On apercevait ici et là des groupes de soldats ou de rebelles. Peu de voitures en tout cas. Nous avons visité les camps de réfugiés, à la recherche de parents de l’un et de l’autre des frères. Dans les camps tutsis, Liboire et moi étions là pour protéger Emmanuel. Dans les camps hutus, c’était au tour d’Emmanuel de protéger Liboire. Chaque soir, nous célébrions ensemble l’Eucharistie.

31. Emmanuel et Liboire appartenaient à des groupes que se haïssaient et qui n’aspiraient qu’à la disparition de l’autre. L’identité tribale en Afrique est profondément enracinée. Mais chaque Eucharistie était une sorte de mort sa-cramentelle. C’était l’étreinte sacramentelle d’une identité à donner, une solidarité sacra-mentellement présente.

32. Plus les liens sont forts, plus il est difficile d’étreindre et d’accepter ceux qui sont différents. Les désaccords sont toujours plus explosifs au sein d’une famille. Nous acceptons qu’un étranger soit différent mais pas que quelqu’un du même sang, de la même lignée, de la même religion le soit. Michael Ignatieff raconte une histoire qui s’est passée pendant de la guerre de Yougoslavie en 1993. Sur la ligne de front, il demande à un Serbe pourquoi les Croates sont si différents. L’homme tire un paquet de cigarettes de sa poche et lui répond : “Vous voyez ces cigarettes ? Elles sont serbes. De l’autre côté, ils fument des cigarettes croates”. Ignatieff lui rétorque que ce sont tout de même des cigarettes. Et le Serbe de lui dire dans un haussement d’épaules tout en nettoyant son Zastovo : “Vous les étrangers, vous ne comprenez vraiment rien”. Mais la question le taraude et quelques minutes plus tard il pose son arme et reprend son explication : “Écoutez, les Croates pensent qu’ils valent mieux que nous, qu’ils sont des Européens chics et sophistiqués. La vérité c’est que nous ne sommes tous que de la merde des Balkans”. Les Croates sont donc différents parce qu’ils n’acceptent pas d’être comme les autres !

33. Notre vocation de prêtre est alors de réunifier ceux qui pensent comme nous et ceux qui pensent différemment. Où cela se fait-il ? Chaque camp idéologique possède des séminaires où est enseignée la pure vérité, avec ses publications (Communio et Concilium), ses journaux (National Catholic Reporter), ses facultés, voire ses diocèses. Existe-t-il un endroit au sein de l’Église où nous oublions les tranchées pour nous parler ? Y a-t-il une recherche commune de la véri-té ? Il y a trop de silences dans notre Église. J’ai pourtant participé à plusieurs synodes d’évêques à Rome, et même là il y a peu de vrai dialogue. Chacun arrive avec son dis-cours déjà prêt et le lit sans s’intéresser à ce que les autres ont à dire.

34. Plutôt que d’accabler les chefs, demandons-nous plutôt quel espace nous donnons à la liberté de dialogue dans nos propres diocèses, nos doyennés et nos paroisses. Pendant la Première Guerre mon-diale, les soldats anglais et allemands se retrouvaient, le soir de Noël, sur un terrain neutre pour y chanter des cantiques ensemble. Y a-t-il des endroits, des moments où nous faisons abstraction des divisions idéologiques pour parler et écouter ? Est-ce le cas aujourd’hui au sein de cette assemblée ou suivons-nous tous la même ligne de pensée ? Même la Conférence nationale des Religieux s’est scindée en deux dans ce pays.

35. Dans ce climat de division et de politisation extrême de l’Église, est-il encore utile d’essayer ? Ceux qui ont le pouvoir considèrent certainement ce dialogue inutile alors que ceux qui n’ont pas le pouvoir se désespèrent de l’entendre. Tournons-nous encore vers la Cène.

36. La Cène a mis en relief le conflit entre deux types de pouvoirs. Tout d’abord le pouvoir de Jésus, celui des signes, ensuite le pouvoir de la force brute représenté par les soldats qui allaient l’arrêter. Dans son Évangile, saint Jean nous décrit la montée en puissance de ce conflit. Alors que Jésus accomplit ses signes, des noces de Cana à la résurrection de Lazare, l’opposition grandit. Le pouvoir de ses signes n’est pas magique. Jésus n’a rien à voir avec Merlin l’Enchanteur. Ses signes sont puissants car ils parlent et ont une signification. Ce sont les signes de la Parole faite chair.

37. La rencontre de Jésus et de Pilate en est le point culminant. Pilate dit au Christ : “Ne sais-tu pas que j’ai le pouvoir de te crucifier ?”. Mais Jésus se fonde sur le pouvoir de la vérité et du sens. Il répond à Pilate : “Je suis venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité. Tout homme qui appartient à la vérité écoute ma voix.” Et Pilate de reprendre : “Qu’est-ce que la vérité ?” sans attendre de réponse. Il n’en a pas besoin. Il a des soldats.

38. Chaque Eucharistie est la reproduction de la confrontation de ces deux sortes de pouvoir. Elle est le signe que nous croyons que la vérité est plus forte que la violence. “La lumière brille dans les ténèbres et l’obscurité ne l’a pas éteinte.” Voilà pourquoi nous, les prêtres, avons le courage de continuer à chercher la vérité et le sens, même lorsque cela semble inopportun. Selon le cardinal Suchard, “l’un des premiers services que le prêtre rend au monde c’est de lui annoncer la vérité”. C’est ce que le Pape nous invite à faire dans Veritatis splendor. Dans un monde qui a soif de vérité mais qui doute de ses possibilités, le Pape nous invite à rechercher la vérité avec courage.

39. Le journal de Yves Congar de 1946-1956 publié en 2000 est l’un des livres les plus douloureux qu’il m’ait été donné de lire. Cet homme d’une très grande intelligence, d’une sensibilité extrême et d’un honneur hors norme s’est senti crucifié par le Saint-Office. Il a été réduit au silence, humilié et, pire que tout pour un Français, exilé en Grande-Bretagne. Comment est-il parvenu à supporter une période aussi sombre ? En croyant que la vérité finirait bien par triompher. En 1954, en pleine crise, il écrit : “Dire la vérité. Avec prudence, sans scan-dale inutile ou provocateur. Mais rester – et devenir de plus en plus – un témoin authentique et pur de ce qui est vrai”. Cela lui a demandé une immense patience, et pour saint Thomas d’Aquin, la patience est au cœur de l’espérance. Nous avons besoin de l’endurance patiente de ceux qui sont convaincus que la vérité finira par l’emporter.

40. Je crois que dire la vérité exige deux choses de notre part : courage et humilité. Du courage parce que la vérité n’est pas toujours la bienvenue. L’Église craint le débat. De plus, elle a le sentiment que si les désaccords qui la traversent sont rendus publiques cela risque de mettre à mal son autorité et que nous sommes déloyaux envers elle. Mais en ce qui me concerne, je pense que rien ne fragilise plus l’autorité de l’Église que le fait de ne pas dire ce que nous avons sur le cœur. Rien ne mine plus la crédibilité de nos paroles que le fait d’être timides et de craindre de commettre des erreurs. Où est la parrhesia (4), la courageuse parole des apôtres ?

41. Mais dire la vérité exige également de nous une grande humilité. En effet, nous ne pouvons nous exprimer comme nos opposants, ignorants et sectaires, qui ont leur vérité toute faite. Tout ce que nous pouvons faire c’est contribuer au débat, en espérant que la vérité finira par sortir et il se peut que nous ayons tort. Nous parlons librement, non parce que nous possédons les réponses aux questions que nous nous posons mais pour contribuer à trouver les réponses. Et c’est parce que nous croyons que l’Esprit Saint est descendu sur l’Église que nous ne devons pas craindre d’avoir tort. Le Peuple de Dieu ne se laissera pas facilement détourner du droit chemin. Je suis d’ailleurs prêt à parier que même si nous avons tort, cela ne mènera pas l’Église à sa perte. Nous ne pouvons rechercher la vérité que si nous osons jouer avec les idées, que si nous faisons des hypothèses folles pour voir où elles nous mènent, que si nous lançons des projets et tentons notre chance. Si nous ne jouissons pas de cette liberté (dans tous les sens du terme), alors nous ne nous appro-cherons jamais du mystère de Dieu.

Les scandales 
42. Je conclurai par quelques mots sur les scandales qui ont tant mortifié l’Église ces dernières années. À cause d’eux, les prêtres ont aujourd’hui du mal à se sentir porteurs de bonnes nouvelles. Vous savez mieux que moi les ravages qu’ils ont causé : douleur surtout des victimes d’abus sexuels ; humiliation des prêtres en général ; douleur des laïcs, sidérés que l’on ait pu trahir leur confiance. Mais également colère face à la manière dont certains évêques ont traité le problème et honte de voir l’Église mise à l’index par les médias. Ça, en effet, c’est une crise.

43. Au moins n’est-elle pas aussi grave que la Cène ! Jésus s’assied autour de la table avec Judas, le traître, et Pierre, la pierre sur laquelle l’Église est bâtie et qui reniera trois fois le Christ. Il réunit ses disciples qui presque tous prendront leurs jambes à leur cou et déguerpiront. Voilà la crise qui a donné naissance à l’Église, la crise que nous célébrons tous les jours. Souvenez-vous : nous n’avons aucune raison de craindre les crises car elles nous renouvellent.

44. Jésus a été livré. Au moment de l’Eucharistie, nous nous souvenons de la façon dont il a accepté cette trahison pour en faire un don. Il a librement accepté cet acte sinistre et l’a transformé en moment de grâce. La victime passive a agi de façon créative. Vous vous êtes emparé de mon corps pour le donner. Et vous en avez fait une marchandise ne valant pas plus que 30 pièces d’argent. Mais écoutez : ceci est mon corps, livré pour vous.

45. Notre foi nous dit de saisir ce moment de trahison et de honte. Aidés de l’infinie créativité de Dieu, nous pouvons en faire un moment de don et de grâce. Si nous laissons Dieu poser sa main sur son Église, elle repartira de plus belle. L’autre jour, je me promenais sur la jetée quelque part en Galles du Nord avant de m’adresser aux membres de l’Union des Mères catholiques quand je me suis fait bombardé par des moules. Dans le ciel, des mouettes lançaient en effet de très haut les mollusques afin de casser la coque et d’atteindre la partie tendre et délicieuse de l’animal. C’est exactement ce que fait Dieu en temps de crise : il casse la coque de notre suffisance et de notre arrogance pour parvenir à la partie la plus tendre, la plus vulnérable de nos vies. Voilà pourquoi nous devons vivre cette crise dans la joie.

46. Comment peut-elle renouveler notre institution ? En menant vers une Église sûre pour les jeunes, un havre dans un monde de prédateurs. En menant vers une Église plus humble qui soit comptée au nombre des transgresseurs, comme le fut son Seigneur. Une Église où il est clairement dit que le Christ est venu chercher les pêcheurs et non les justes, et que sa tâche a été un véritable succès ! En faisant renaître une Église moins cléricale et secrète, une Église plus transparente où les laïcs se verront pleinement reconnaître leur entière dignité de chrétiens baptisés. Cette crise pourrait marquer la fin d’une Église perçue comme une entreprise multinationale, distante et bureaucratique. L’Église pourrait alors devenir une communauté des disciples de Jésus-Christ.

47. Pour cela, nous devons saisir ce mo-ment avec toute la vigueur créatrice de Jésus. Ceci est mon corps livré pour vous. Il transforme un moment de dispersion et de désintégration en sacrement de la Nouvelle Alliance, d’une nouvelle communion. N’ayons pas peur, que personne ne nous effraie, surtout pas les médias. Jésus s’est saisi des traîtres, s’est entouré d’eux et en a fait son Église naissante. Si un jour nous soupçonnons un prêtre d’avoir trahi sa vocation, aurons-nous le même courage ? Nous ne pouvons prétendre ne rien avoir à faire avec eux. J’ai entendu parler d’un diocèse niant toute responsabilité dans les égarements de certains de ses prêtres sous prétexte que se sont des “personnes indépendantes”. Mais Jésus n’a jamais considéré Pierre comme un “indépendant”. Il ne l’a pas renié. C’est au contraire Pierre qui s’est exclamé : “Je ne le connais pas”. Nous avons dû faire face au terrible scandale des prêtres pédophiles. Oserons-nous au-jourd’hui faire face au terrible scandale, évangélique celui-ci, qui veut que nous leur pardonnions, que nous les embrassions et que nous reconnaissions qu’ils sont nos frères ?

48. Donc, malgré toutes les difficultés présentes, nous pouvons être les porteurs de bonnes nouvelles. Je suis d’ailleurs certain que la plupart d’entre vous l’êtes déjà. J’ai essayé de vous montrer comment, dans trois domaines différents, le moment présent pouvait être un moment de grâce. Le dou-loureux fossé entre l’enseignement de l’Église et l’expérience vécue par de nombreux catholiques peut permettre la naissance d’une nouvelle Parole faite chair. La division de l’Église peut mener à un nouveau moment de vérité qui permettra de reconstruire notre maison commune. Enfin, ne craignons rien et laissons la grâce créa-trice du Seigneur fonctionner afin que les scandales soient vécus comme un moment de renouvellement.

Notes :
1. Pessimisme culturel : récits du déclin dans le monde postmoderne (Traduction de la rédaction).
2. En français dans le texte.
3. Pastores dabo vovis (DC 1992, n. 2050, p. 460)
4. Franchise, liberté de parole.

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