Le plus vieux couple d'Europe

Un très beau petit article en page 11 du journal "La Croix" d'aujourd'hui, écrit par Nicolas César. Je vous le partage :

Mari et femme depuis le 28 novembre 1929, les Minato «ont fait le serment que rien ne viendrait briser leur histoire».

Enfants, Angelo et Amabile habitaient l'un en face de l'autre dans leur ville de naissance, Roncade, dans la région de Trévise, à quelques encablures de Venise. D'ailleurs, ces fervents catholiques sont convaincus que «c'était un signe de Dieu». C'est donc sur le perron de l'église, à seulement 10 ans, qu'Angelo lui déclarera sa flamme: «Tu seras ma femme.» Depuis, ils sont inséparables, malgré la guerre et le fascisme qui les ont amenés à s'exiler en France. Angelo est arrivé le premier en 1925 et Amabile l'a rejoint en 1926. Enfants d'agriculteurs, ils ont choisi Mézin (Lot-et-Garonne), pour construire leur «nid». Là, Angelo a pu réaliser son rêve et passer la bague au doigt de sa promise le 28 novembre 1929, le jour des 20 ans de celle-ci.

«C'est un amour sans faille porté par une croyance très forte en Dieu. Ils ont toujours prié ensemble matin et soir», déclare, admirative, Jeanine, 74 ans, leur fille, qui les prend en charge à son domicile depuis dix ans. Pour elle, c'est là qu'il faut chercher l'explication de la longévité de leur couple. «Ils ont fait le serment devant Dieu que rien ne viendrait briser leur histoire.» Sur terre aussi, leur union est sous bonne garde. «Nous les choyons énormément. Tous les dimanches, les enfants se retrouvent autour de leur table», souligne Sylvie, une de leurs petites-filles. Aujourd'hui, c'est une grande famille qui les entoure: quatre enfants, sept petits-enfants, douze arrière-petits-enfants et un arrièrearrière-petit- fils.

Pour Jeanine, c'est un juste retour des choses. «Ils nous ont beaucoup protégés et se sont montrés attentifs aux autres. (...) Quand mes cousins, mes tantes ou des collègues de travail n'avaient rien à manger, ils donnaient toujours quelque chose, même si ce n'était que de la soupe», raconte-t-elle. Car leur vie fut rude: «Ils ont beaucoup travaillé, dans le froid, dans les usines de bouchons de liège de Mézin», souligne-t-elle. De caractère entier, voire autoritaire pour Amabile, ces deux amoureux ont su accorder leur violon et transmettre à leur progéniture leurs valeurs les plus chères: la foi, l'esprit de famille et le travail.

Aujourd'hui encore, ils forcent l'admiration de leurs enfants et petits-enfants. Si Amabile n'a plus toutes ses facultés mentales, Angelo veille sur elle comme sur un trésor, «son» trésor, avec un amour plus démonstratif. «Je n'ai jamais vu mon grand-père embrasser ma grand-mère. Aujourd'hui, il extériorise ses sentiments et lui fait plein de câlins», confie Sylvie, tout attendrie.

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