Être prêtre... et subir...
En ce Vendredi Saint, je ressens presque douloureusement et physiquement les blessures du Christ au cours de sa Passion. Sans en exagérer la portée, le battage médiatique organisé, au cours de ces dernières semaines, pour nuire à l'Eglise catholique et à la figure du prêtre me fait penser que, comme le dit l'Ecriture, "le disciple n'est pas au-dessus de son Maître, ni le serviteur au-dessus de son Seigneur". Le Christ a souffert le jugement injuste de Pilate, il a été roué de coups, méprisé, on s'est moqué de lui, tout cela, injustement, parce qu'il délivrait au monde un message qui dérangeait, et qui visiblement dérange encore et toujours. On a vraiment l'impression que notre société actuelle, et surtout la société médiatique actuelle, est pleine de petit Ponce Pilate, qui décide la condamnation injuste des innocents, puis se lavent les mains !
Pour exprimer ce qui m'habite, je me sers des mots du Cardinal André Vingt-Trois, et plus précisément de son homélie pour la Messe Chrismale du Diocèse de Paris, prononcée mercredi 31 mars.
Extraits :
Au moment où nous entrons dans la célébration du Triduum Pascal, notre Église est mise en accusation à la face des hommes. Elle est chargée des péchés du monde. Au mépris de la réalité des faits, dont nul ne conteste l’horreur et le scandale qu’ils ont pu causer, on s’emploie à faire endosser à notre Église, -et en particulier à ses prêtres- la responsabilité morale des actes de pédophilie qui ont été commis depuis plusieurs dizaines d’années.
Imputer la pédophilie au statut du prêtre engagé dans le célibat évite opportunément de regarder la réalité de ce fléau social dont chacun peut savoir qu’il frappe principalement à l’intérieur des relations familiales et dans les réseaux de proximité familiale. Ressortir des faits anciens et connus depuis longtemps comme des révélations nouvelles donne beaucoup à penser sur l’honnêteté intellectuelle des informateurs et suffit à dévoiler leur véritable objectif : faire peser le doute sur la légitimité morale de l’Église.
Loin de moi l’idée de nier la réalité des actes de pédophilie ni d’oublier la souffrance, souvent irréparable, des victimes. Oui, comme je l’ai dit à l’occasion de l’Assemblée plénière des évêques à Lourdes, nous sommes plongés dans la honte et le désarroi. Nous nous joignons aux regrets exprimés par le Pape dans sa lettre aux catholiques irlandais. Mais nous ne sommes pas prêts à laisser jeter l’opprobre sur l’ensemble des vingt mille prêtres et religieux de France. De ceux-ci, une trentaine de prêtres et de religieux purgent la peine à laquelle ils ont été condamnés, conformément à la loi. C’est beaucoup trop, mais ce n’est pas un phénomène massif. L’immense majorité des prêtres et des religieux de notre pays vivent avec joie leur engagement au service de l’Évangile. Je n’en doute pas. Nous n’en doutons pas et nous avons confiance en leur fidélité.
L’offensive qui vise à déstabiliser le Pape, et à travers lui l’Église, ne doit cependant pas nous masquer nos faiblesses et nos fautes éventuelles. Notre société qui vit dans l’exhibition du sexe sans limite nous oblige à être plus que jamais vigilants et modestes dans nos manières de vivre. Chers frères et sœurs, prêtres, diacres, religieux, religieuses et laïcs, nous ne sommes que des êtres humains et nous ne devons jamais vivre dans la présomption que nous sommes au-dessus des tentations ordinaires. Mais cette prudence ne doit pas nous transformer en coupables potentiels dans toutes nos relations.
Parmi les épreuves que nous traversons, nous devons aussi relever l’offensive des médias audiovisuels qui célèbrent Pâques à leur manière en concentrant sur les soirées de la Semaine Sainte leurs capacités critiques sur l’Église et la foi chrétienne. Celles et ceux d’entre nous qui célébreront les liturgies dans leurs communautés n’en seront pas affectés. Mais tous ceux qui sont les moins informés et les moins impliqués dans la vie de notre Église seront bombardés d’émissions qui se présentent comme « critiques » et qui ne sont que des opérations de propagande, et même de propagande grossière. Dans notre pays démocratique, les chrétiens sont encore des citoyens à part entière, il n’est pas certain qu’ils le soient dans le traitement de l’information.
Alors voilà, je trouve ces mots d'une belle clarté : oui, il y a des crimes perpétrés par des prêtres, oui c'est révoltant et inacceptable, il faut faire la vérité sur cela et prendre des mesures pour éviter que cela se reproduise. Mais non, tous les prêtres ne sont pas d'affreux pervers attirés par la chair fraiche, au sein d'une institution corrompue où la hiérarchie ne chercherait qu'à protéger la "boutique". Au jour le jour, comme prêtre, j'essaie de faire de mon mieux pour porter le Christ au monde et pour offrir le monde au Christ, pour accompagner, écouter, aider, soutenir, former, enseigner... et tout simplement aimer.
"Le Sacerdoce, c'est l'Amour du coeur de Jésus" disait le Curé d'Ars. Voilà le fondement de ma vie : aimer Dieu, aimer le Corps du Christ qui est l'Église, et oeuvrer avec mes pauvres capacités, pour la plus grande gloire de Dieu et pour le salut du monde. Je ne suis pas devenu prêtre pour la gloriole, pour le statut social (quel statut social ?) ou pour quelque autre raison inavouable. Je suis devenu prêtre en réponse à un appel entendu à l'intime de mon âme, un appel de Dieu à me donner pour Lui et pour le monde, à vivre à l'image du Christ. Aujourd'hui, je comprends mieux ce que peux signifier l'imitation de Jésus Christ :
J'entends les calomnies de la foule ;
ils s'accordent pour m'ôter la vie.
Je suis la risée de mes adversaires
et même de mes voisins;
Je fais peur à mes amis,
s'ils me voient dans la rue, ils me fuient.
(du Psaume 30)
Plusieurs personnalités des médias et de la culture ont décidé d'agir contre cette campagne médiatique. Ils ont lancé un "Appel à la vérité". Merci de signer cet appel et de le faire connaître.
Merci de nous avoir fait partager cette magnifique homélie qui, par sa simplicité mais sa puissance, pourra j'espère contrer les abus du "droit à l'information" (mais surtout à la désinformation, la globalisation abusive et la non-clairvoyance) de notre société médiatique...
RépondreSupprimerCe qui fut sera, Ce qui s'est fait se refera, Et il n'y a rien de nouveau sous le soleil.
RépondreSupprimerNous assistons tout simplement au martyre du Saint Père.