« Que personne ne soit jugé, que tous soient aimés »

Je reprends ici une information tirée du site du Diocèse de Lyon.


C’est une rencontre rare et constructive qui s’est déroulée à Fourvière, dimanche 29 mars 2009. La matinée s’était pourtant ouverte sur les cris de « Benoît XVI, assassin », lors d’une manifestation organisée par des associations lyonnaises gaies, lesbiennes et transsexuelles ainsi que des associations de lutte contre le sida pour protester contre les propos du pape au sujet du préservatif.

Quelques minutes avant le début de la Messe de 11h, une soixantaine de personnes étaient réunies autour d’une banderole proclamant : « La capote, c’est la vie, l’Église l’interdit ». En face, quelques dizaines de jeunes catholiques redisaient, quant à eux, leur amour et leur attachement pour le pape. En sortant de l’archevêché pour se rendre à la basilique, le cardinal Philippe Barbarin a proposé de rencontrer une délégation des manifestants à l’issue de la Messe, convaincu que le dialogue est toujours possible. [1]

Les sept manifestants reçus à l’archevêché ont reconnu l’importance de se rencontrer et ont exprimé le besoin de comprendre la position de l’Église en matière de prévention contre le sida. Face à leur demande, le cardinal Barbarin a d’abord écouté leurs positions : l’un d’eux par exemple, homosexuel et catholique, a dit combien son cœur était aujourd’hui déchiré. L’archevêque de Lyon a voulu relire avec eux la phrase du pape en son entier. En effet, trop souvent les médias n’en ont pas rapporté l’intégralité, occultant son début : « s’il n’y a pas l’âme, si les Africains ne s’aident pas, on ne peut pas dépasser le fléau avec la distribution de préservatifs. Au contraire, ils augmentent le problème. »

Le cardinal les a remercié d’avoir accepté cette rencontre, précisant : « vous venez m’interroger et vous savez ce que vous allez entendre ». Il a ainsi rappelé que l’Église veut être la servante de l’amour humain, par l’éducation, ce qui suppose « une humanisation de la sexualité » comme l’avait indiqué Benoît XVI.

Si le dialogue entre les représentants de ces associations et l’archevêque de Lyon n’a pas levé tous les désaccords, certaines incompréhensions s’estompaient progressivement au fil de la rencontre. Le cardinal a pu expliquer la position de l’Église qui présente l’amour humain à la lumière de l’Alliance entre Dieu et les hommes. Il a ajouté aussi : « Si l’on n’est pas d’accord avec le chemin proposé par Dieu, que l’on ne se donne pas la mort et qu’on ne la donne pas aux autres ». Le cardinal a rappelé le caractère premier et non négociable de ce commandement : « Tu ne tueras pas ». Les manifestants sont aussi tombés d’accord pour affirmer le besoin d’éducation en matière sexuelle : il ne suffit pas de distribuer des préservatifs, une véritable démarche éducative est nécessaire.

A l’issue de cet entretien, deux propositions de rencontres ont été faites : les représentants de la manifestation ont invité le cardinal à une formation donnée par l’association « Étudiants contre le sida », qui milite pour une prévention accompagnée et éducative ; d’autre part, un représentant de RCF Lyon Fourvière a proposé une rencontre-débat sur les ondes.

PS : Ce texte a été relu et accepté par les protagonistes de la rencontre.


[1] Avant de se rendre à la Messe, le cardinal Philippe Barbarin avait fait la déclaration suivante :
Les paroles du pape Benoît XVI suscitent de graves incompréhensions. Beaucoup ne sont pas d’accord avec lui, et n’acceptent pas l’enseignement que l’Église catholique, nourrie de l’Évangile, donne sur l’amour humain. Je suis convaincu que tout cri exprime une souffrance et mérite d’être écouté. Il est toujours possible et souhaitable d’établir un dialogue, dans le respect. L’Église n’est pas la seule à croire à l’amour, à en montrer la beauté, la grandeur et les exigences. Elle transmet un message qui indique aux hommes où se trouve la source de leur bonheur. Elle sait que le cœur de la Bible se trouve dans ces simples mots : « Dieu est amour ». A ceux qui veulent bien entendre cette Parole, l’Église dit : « Voici le chemin de votre liberté. Vivez votre amour dans la fidélité. N’ayez pas peur ! Le Seigneur ne vous demande rien d’impossible. Il veille sur chacun de ses enfants, et son amour nous accompagne. » A tous les autres, doit-elle dire quelque chose ? Je ne sais pas. Mais s’il faut parler, je dirais avec douceur à ceux qui ne veulent pas suivre l’enseignement de Jésus : « Et si vous écoutiez cette voix, pour une fois ? Êtes-vous sûr qu’elle ne vous apporterait pas la lumière que nous cherchons tous ? » Puis j’ajouterais : « En tout cas, pour votre bien et pour celui des autres, s’il vous plaît, respectez la vie. C’est notre trésor ! »

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