8 mai 1945 : Commémoration d'une victoire ?


Aujourd'hui en France nous ne travaillons pas. En ce jour férié, nous commémorons la victoire des Alliés sur le Nazisme en 1945.

Bien sûr, c'était une victoire, et nous sommes reconnaissant à tous ces combattants de France et d'ailleurs qui ont permis de mettre un terme aux projets fous et monstrueux du Führer. Cette guerre, ce sont des millions de victimes, c'est le projet de rayer de la face du monde tout un peuple, sur le seul critère de la race, c'est la volonté de puissance poussée à son paroxysme, la haine de la différence, le nationalisme exacerbé...

Et d'un point de vue chrétien, est-ce que nous nous rendons compte qu'à chaque conflit qui a dans le passé opposé l'Allemagne à la France, ce sont majoritairement des chrétiens qui se faisaient la guerre, ou en tout cas deux peuples à l'histoire et à la culture fortement teintées de christianisme ? Et de chaque côté de la ligne de front, dans les tranchés, les pauvres soldats faisaient monter vers Dieu leurs prières pour les aider à traverser cette épreuve...
Dans l'évangile de la messe de ce jour (Jeudi de la 7e semaine de Pâques), Jésus prie :
"Que tous, ils soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi. Qu'ils soient un en nous, eux aussi, pour que le monde croie que tu m'as envoyé. [...]
Que leur unité soit parfaite ; ainsi le monde saura que tu m'as envoyé, et que tu les as aimés comme tu m'as aimé."
Oui, les chrétiens doivent chercher à être unis, ils sont appelés par Dieu à être les artisans de l'unité du genre humain. Cette recherche d'unité n'est pas une recherche de puissance ou de renforcement du "parti chrétien". L'action des chrétiens en faveur de leur unité interne est une action au service de l'unité de tout le genre humain. En restant divisés, nous, les chrétiens, nous faisons obstacle au jaillissement du message du Christ dans le monde. Car en étant divisés, nous pouvons toujours témoigner et annoncer l'Evangile, mais notre situation concrète de division et de tentions entre chrétiens est un contre-témoignage flagrant.

Tant que nous en resterons à l'esprit de chapelle (ma messe est mieux que la tienne, ma paroisse est mieux que la tienne, le Père machin est quand même un meilleur prêtre que le Père truc, les Protestants c'est pas des gens comme nous,...) en mettant en avant tout ce qui peut nous séparer, nous ne pourrons pas contribuer à l'unité. Il ne s'agit pas de faire comme si il n'y avait pas de différence, mais, pour reprendre le titre d'un livre de frère Roger, il nous faut rechercher "L'unanimité dans le pluralisme".

Que ce 8 mai nous permette de prendre conscience que nous avons tous une responsabilité et une action possible, là où nous sommes, pour faire que notre monde soit plus évangélique. Cherchons d'abord l'unité, cherchons d'abord ce qui est beau et ce qui nous rassemble. Cherchons d'abord l'amour et la fraternité. Alors nous pourrons sereinement aborder les questions qui nous séparent encore. Mais elles ne seront plus des obstacles à l'unité.


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