Laïcité, respect des religions,...

Je n'ai pas l'ambition de faire un exposé très structuré sur ces questions, mais juste de partager certaines de mes réflexions.

L'agitation actuelle en France autour de plusieurs "événements" met en lumière une seule chose : la laïcité à la française va mal ! Et je ne suis pas sûr que le problème vienne seulement du côté des croyants.
En me promenant sur les sites internet du journal Le Monde, de l'Express,... je suis étonné de l'agressivité de nombreux "défenseurs de la laïcité", souvent également proportionnelle à leur totale inculture en matière religieuse.
Ce qui ressort généralement, c'est que la religion doit rester une affaire privée, et qu'elle ne doit pas s'exprimer sur la voie publique, et que en rien les règles de l’État ne doivent tenir compte des règles religieuses. C'est faire preuve d'une méconnaissance totale du principe de laïcité tel qu'il est fixé par la réglementation française. Si la République française est laïque, ce n'est pas pour interdire aux citoyens de vivre leur religion au grand jour : c'est le contraire ! Si la République n'a pas de religion, c'est pour permettre aux citoyens de librement en avoir une, ou bien sûr de ne pas en avoir !

L'expression publique de la religion ne peut être interdite qu'à partir du moment où elle provoque un trouble à l'ordre public... reste à savoir d'où vient le trouble ! Quand 6 ou 7 militants anticléricaux viennent chanter "L'Internationale" sur le passage d'un chemin de croix paisible qui rassemble près de 700 personnes venues tranquillement prier et célébrer la Passion du Christ, qui est-ce qui provoque le trouble à l'ordre public ? Les chrétiens, respectueux de la loi, qui ont demandé et obtenu l'autorisation du Préfet et du Maire, ou bien ces militants intégristes d'une laïcité restrictive et liberticide ? De même, sur une autre question : quand un pseudo artiste décide d'immerger un symbole religieux important dans son urine et de le prendre en photo, qui provoque le trouble ? (Sans parler de la différence de traitement entre religions...) Pour certains "grands démocrates", toutes les opinions philosophiques et politiques, tous les délires artistiques, devraient pouvoir s'exprimer sur la voie publique, sauf les opinions et convictions religieuses...! Pour quelle raisons ? Seules les religions devraient rester enfermées dans les maisons et les églises ?

Étonnant comme il y a deux poids deux mesures concernant l'occupation du domaine public par des associations et mouvements divers. Voici une petite liste de manifestations qui occupent le domaine public sans que cela pose problème :
  • les manifestations sportives : on détourne la circulation, on empêche les gens de circuler, on bloque les rues,... pour permettre aux cyclistes, coureurs à pieds,... de pratiquer leurs sport (qui chez certains est une véritable "religion" ! ;-))
  • les manifestations politiques et syndicales
  • les "gay prides"
  • les défilés militaires
  • les défilés "folkloriques" : je pense aux défilés à Paris notamment à l'occasion du Nouvel An chinois (qui d'ailleurs sont des manifestations finalement religieuses)
  • ...
Ainsi on peut défiler et occuper l'espace public pour exalter le sport, telles ou telles convictions et/ou revendication politique, pour manifester publiquement son orientation et ses préférences sexuelles, pour rendre honneur à l'armée et aux soldats morts pour la France... et il n'y aurait que les religions qui devraient se cacher ? Ainsi, pour tous ces grands défenseurs de la laïcité et des principes républicains (Liberté, Egalité, Fraternité), tous les citoyens sont libres, égaux et frères, sauf les croyants, qui seraient donc des citoyens de seconde zone, puisqu'ils seraient les seuls à ne pas pouvoir vivre au grand jour leurs convictions religieuses et philosophiques. C'est très étonnant (ou pas ?) comme totale incohérence intellectuelle ! Je suis presque étonné que tous ces grands démocrates n'aient pas encore demandé la destruction de toutes les églises et de tous les symboles religieux présents sur la voie publique !

Ce qui est sûr, c'est que quand un pays commence à persécuter les croyants, ce n'est pas signe de santé.
Ce qui est sûr, c'est que la France ne va pas bien, mais que ce n'est pas en tapant sur les croyants, les religions, les immigrés,... qu'elle ira mieux ! Nous vivons comme une phase de "dépression nationale", entretenue par les médias, par une vie politique déplorable (petites phrases, ambitions personnelles démesurées et égoïstes, manque d'idées et de débat véritable, pauvreté des échanges, incompétence du personnel politique,...), par un matérialisme et un consumérisme mortifères,...

Dans un tel contexte, loin d'être une menace, les religions peuvent participer à un renouveau et à une renaissance, dans une belle et saine pluralité. Comme tout citoyen, le croyant doit pouvoir dire librement ce en quoi il croit. Dire, ce n'est pas imposer, c'est proposer. Partager sa foi, c'est permettre à l'autre d'exercer sa liberté de conscience en exerçant sa liberté de choix.

Oui, proposer la foi, c'est toujours se mettre au service de la liberté de mon interlocuteur.

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