La grève dans les textes récents du Magistère

Bonjour,
Je reprends ici l'idée d'un confrère, le P. Louis de Villoutreys (Diocèse de Poitiers), qui a mis en ligne sur Facebook, il y a quelques heures, des textes éclairants du Magistère de l'Église catholique.
Voilà ces quelques extraits rassemblés ici, pour aider à la réflexion personnelle :


Constitution pastorale sur l'Église dans le monde de ce temps Gaudium et Spes (Concile Vatican II, 7/12/1965)
n°68. En cas de conflits économico-sociaux, on doit s'efforcer de parvenir à une solution pacifique. Mais, s'il faut toujours recourir d'abord au dialogue sincère entre les parties, la grève peut cependant, même dans les circonstances actuelles, demeurer un moyen nécessaire, bien qu'ultime, pour la défense des droits propres et la réalisation des justes aspirations des travailleurs. Que les voies de la négociation et du dialogue soient toutefois reprises, dès que possible, en vue d'un accord.

Jean-Paul II : Encyclique Laborem Exercens (14/09/1981)
n°20. En agissant pour les justes droits de leurs membres, les syndicats ont également recours au procédé de la "grève", c'est-à-dire de l'arrêt du travail conçu comme une sorte d'ultimatum adressé aux organismes compétents et, avant tout, aux employeurs. C'est un procédé que la doctrine sociale catholique reconnaît comme légitime sous certaines conditions et dans de justes limites. Les travailleurs devraient se voir assurer le droit de grève et ne pas subir de sanctions pénales personnelles pour leur participation à la grève. Tout en admettant que celle-ci est un moyen juste et légitime, on doit également souligner qu'elle demeure, en un sens, un moyen extrême. On ne peut pas en abuser; on ne peut pas en abuser spécialement pour faire le jeu de la politique. En outre, on ne peut jamais oublier que, lorsqu'il s'agit de services essentiels à la vie de la société, ces derniers doivent être toujours assurés, y compris, si c'est nécessaire, par des mesures légales adéquates. L'abus de la grève peut conduire à la paralysie de toute la vie socio-économique. Or cela est contraire aux exigences du bien commun de la société qui correspond également à la nature bien comprise du travail lui-même.

Catéchisme de l'Église Catholique (1992)
n°2435. La grève est moralement légitime quant elle se présente comme un recours inévitable, sinon nécessaire, en vue d'un bénéfice proportionné. Elle devient moralement inacceptable lorsqu'elle s'accompagne de violences ou encore si on lui assigne des objectifs non directement liés aux conditions de travail ou contraires au bien commun.

Catéchisme pour Adultes des Évêques de France (1991)
n°509. Les circonstances peuvent évidemment influencer la qualification morale d'un acte: il faut examiner l'action entreprise dans tout son environnement. Un syndicat de la Santé, pour défendre les droits bafoués des aides-soignants, peut déclencher légitimement une grève du personnel; cela peut être juste et même méritoire. Mais lors d'une grave épidémie, les circonstances sont telles qu'il pourrait devenir immoral de déclencher ou de maintenir une grève à ce moment-là. La moralité d'un acte exige que ses diverses composantes soient bonnes en même temps: objet, intention, moyens employés, circonstances. Si un seul de ces éléments est mauvais, l'action sera moralement mauvaise, même si, à celui qui agit, une erreur de bonne foi enlève la responsabilité morale du mal.

n°617. Les lois sociales qui organisent le travail et la protection des travailleurs, la Sécurité sociale, etc., représentent un progrès considérable. Fruits de conquêtes sociales difficiles, elles doivent être respectées et favorisées. Les organisations syndicales en ont été le plus souvent les promotrices. Elles ont un rôle essentiel à jouer Pour la défense des travailleurs, mais leur action doit demeurer ouverte au bien commun et ne pas s'enfermer sur une sorte d'égoïsme de groupe ou de classe.
L'Église privilégie les solutions négociées dans les conflits sociaux comme dans tous les autres conflits. La grève est un des droits fondamentaux du travail mais, pour être légitime, elle doit respecter les normes concernant l'emploi de la force dans les conflits.




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